Ces dernières années ont connu un accroissement significatif des mouvements migratoires en lien direct avec les conflits et les violations des droits de l’Homme.
La Wallonie, traditionnelle terre d’accueil, connaît une augmentation sensible du nombre d’allophones souffrant de blessures psychiques liées à la violence et/ ou l’exil, dont la situation de détresse est souvent accentuée par les conséquences de la pandémie COVID-19. Ces migrants ou nouveaux arrivants, qui ne s’expriment pas encore en français, ont besoin d’une prise en charge psychothérapeutique adéquate qui n’est possible que par le truchement d’un interprète.
La présence de l’interprète modifie profondément le dispositif thérapeutique dont il convient dès lors d’interroger l’efficacité. La recherche a déjà montré qu’il exerçait une influence positive sur le processus de prise en charge grâce à sa médiation linguistique, culturelle et relationnelle. Cependant, l’élément crucial déterminant l’efficacité des soins est l’établissement d’une alliance thérapeutique (AT) positive, à savoir un accordage entre le thérapeute et le patient sur les plans cognitif et affectif. Cependant, si les facteurs dé/favorisant l’AT sont étudiés de longue date en thérapie monolingue, ils sont encore largement méconnus en thérapie bilingue interprétée.
Cette action se fixe dès lors une double visée. Sur le plan de la recherche, il conviendra d’identifier les facteurs dé/favorisant l’AT dans un setting triadique impliquant un thérapeute, un patient et un interprète, et d’en comprendre l’imbrication. Sur le plan des applications des résultats de la recherche, il s’agira de mettre au point des dispositifs de formation et de briefings interprofessionnels spécifiques à destination de l’interprète et du thérapeute pour améliorer la co-construction triadique de l’AT.
L’action contribuera dès lors à améliorer la qualité des soins et à prévenir les ruptures de traitement dans la clinique des migrants, ce qui y entraînera une diminution des coûts.