Le sans-abrisme est une problématique à laquelle toutes les communes de Wallonie picarde sont malheureusement confrontées. Pour tenter d’enrayer ce phénomène aggravé par la succession de crises, la Conférence des bourgmestres et élus territoriaux décidait en 2022 de la mise en place d’une commission chargée de réfléchir à des solutions pertinentes qui pourraient être mises en œuvre à l’échelle du territoire.
Présidée par la Bourgmestre de Mouscron, la commission a démarré ses travaux à l’automne avec le soutien technique de l’asbl WAPI 2040. La plénière de ce 24 mars était l’occasion pour Brigitte Aubert de faire un premier point auprès de ses collègues.
Une enquête pour mieux appréhender la situation
En préalable aux travaux de la commission, une enquête a été menée auprès des communes et CPAS du territoire. Les premiers résultats obtenus grâce au retour des 20 communes répondantes font état de 213 sans-abris soit plus d’un habitant sur 1500. Un chiffre déjà interpellant mais qui malheureusement ne reflète que partiellement la réalité puisqu’il concerne principalement le sans-abrisme visible et les sans-abris déclarés. Des disparités apparaissent également entre les communes du territoire en ce qui concerne les solutions d’hébergement et les services mis en place. Si la majorité d’entre-elles disposent de logements d’urgence, de transit ou d’utilité publique, les abris de nuit et de jour se concentrent exclusivement dans les plus grandes communes. Quant aux services tels que les repas, les douches ou encore les aides médicales, les conditions d’accès et les modalités d’accueil varient très fortement d’une commune à l’autre. Enfin, et cela n’est pas une surprise, il ressort que les associations jouent un rôle de première importance dans la gestion des sans-abris.
L’heure des premiers constats mais aussi des premières actions
Les travaux de la commission ont rapidement mis en évidence toute une série de problèmes rencontrés par bon nombre de communes : le manque de logements et d’abris, de moyens humains et financiers, l’évolution du sans-abrisme (un nombre grandissant de mineurs dans les rues et une prostitution de plus en plus visible) ou encore certains comportements comme le refus d’être aidé, les addictions et l’agressivité qu’elles engendrent.
Grâce à l’enquête et aux discussions, la commission a dégagé plusieurs pistes d’actions et a d’ailleurs déjà commencé à travailler sur trois d’entre-elles :
- Le recensement du sans-abrisme et du manque de chez soi en Wapi
L’ambition est ici d’étendre le recensement déjà réalisé sur Tournai par des chercheurs de l’UCL à l’ensemble du territoire de la Wallonie picarde. A ce stade, une rencontre a eu lieu avec l’UCL et la Fondation Roi Baudouin et un courrier a été transmis à la Ministre Morreale compétente dans le choix des territoires qui bénéficieront des dénombrements et de leur financement. Ce recensement qui interviendrait au plus tôt dans les deux ans et permettra d’une part, d’obtenir des données objectivées et d’autre part, de rendre le territoire éligible à certains appels à projets de la Région pour lesquels un diagnostic préalable du sans-abrisme est une condition sine qua none.
- La mise en place d’un système commun pour la délivrance des attestations de sans-abrisme
La commission a interrogé l’Union des Villes et Communes de Wallonie sur les contraintes légales en la matière et espère avoir un retour rapide afin de pouvoir avancer sur le sujet.
- La création d’un guide social de Wallonie picarde
Si chaque commune dispose de son guide social, la commission est persuadée que la mise en commun des informations via un guide social à l’échelle du territoire faciliterait le travail des équipes administratives et du monde associatif. Une collaboration se construit actuellement avec Infor Jeunes Tournai qui a déjà travaillé sur une liste des associations en Wapi.