Les récits de vie de migrants du corpus littéraire francophone, ou de personnes appartenant à la 2e ou 3e génération de l’immigration offrent un matériau significatif pour interroger la médiation entre le discours identitaire intime et le texte social, ainsi que la circulation de ces récits en traduction, mais aussi renouveler le corpus littéraire étudié dans les classes DASPA ou de français de l’enseignement secondaire inférieur.
En Francophonie, sous l’impulsion des études du champ littéraire québécois, l’expression « littérature migrante » a vu le jour à la fin des années 1980 pour évoquer « le mouvement, la dérive, les croisements multiples que suscite l’expérience de l’exil » . Cette littérature présente des facettes identitaires variées, depuis le protagoniste attaché à sa culture d’origine, jusqu’à celui prompt à s’assimiler à la culture d’accueil, en passant par cet autre protagoniste nourri de deux ou de plusieurs cultures, et figure du métissage tantôt assumé, tantôt problématique. Mais sociologiquement et littérairement parlant aussi, la construction identitaire est souvent bien plus nuancée et des notions telles que l’enculturation, l’acculturation, voire la réenculturation doivent éclairer l’analyse.
À l’évidence, le corpus de la littérature migrante peut se concevoir comme le lieu d’une « construction de cultures de convergences », où les identités multiples, les appartenances culturelles et les langues métissées démentent l’unicité fantasmée d’une langue et d’une culture françaises, le tout porté par la vague du courant postmoderne.
Depuis l’ouvrage dirigé par Lebrun (M.), Collès (L.) et Robinet (M.-C.), La littérature migrante dans l’espace francophone (Belgique, 2007), la littérature migrante n’a plus fait l’objet d’une étude permettant d’identifier les écritures francophones récentes de l’exil exprimées en Belgique, ni leur possible traduction en langues étrangères. Toutefois, des auteurs d’origines diverses prennent la plume.